Depuis déjà plusieurs années, le nombre de Conseillers en Gestion de Patrimoine Indépendant (CGPI) faisant partie d’un groupement est en progression constante. A tel point qu’en 2012, 24% d’entre eux appartenaient à un groupement plus ou moins structuré et 89 groupements étaient recensés, soit 15 de plus que l’année précédente.
Cette tendance s’est accélérée avec la crise. Cette dernière a eue pour conséquence un accroissement des règlementations. Par exemple, le projet de directive MIF 2 (Marché des Instruments Financiers), à l’image de ce qui s’est fait au Royaume-Uni, préconise d’interdire la rémunération sur commissions. Les commissions représentant la principale source de revenus des CGPI, cette mesure affecte directement le modèle économique de la profession et menace les perspectives de rendements.
L’accumulation et l’alourdissement de ces réglementations met en péril les CGPI isolés qui ont un potentiel de revenus limité. Bruno Delpeut, fondateur du groupement Infinitis qui compte en 2012 plus de 300 adhérents, indique que « 97% des CGPI ont moins de cinq salariés et 75% sont seuls »[1]. Le temps et les ressources consacrées à la mise en conformité de toutes ces exigences sont trop importants pour un conseiller travaillant seul. Monsieur Vincent Vercoustre, directeur commercial chez Skandia le confirme, « un conseiller seul ne peut pas à la fois suivre les marchés financiers, mettre à jour ses connaissances juridiques et trouver des clients. Les exigences de la réglementation leur imposent tant de paperasse qu’ils sont obligés de mettre en commun des moyens »[1]. Cette tendance pousse à croire que si aujourd’hui les cabinets isolés sont une majorité, ils ne le resteront plus longtemps.
Le mot « groupement » est bien sur suffisamment vague pour couvrir un grand nombre de formes d’associations. Certains groupements auront pour simple but la réflexion, l’échange et le partage d’expérience, tout en conservant une indépendance entière ; alors que d’autres conseillers accepteront de perdre une grande partie de leur liberté en intégrant un groupement commercial, avec pour objectif le développement du chiffre d’affaires, l’augmentation du nombre d’adhérents, et l’accès à un vaste catalogue de produits. Ces groupements peuvent permettre de partager les outils informatiques, le personnel administratif, l’aide au recrutement et à la rédaction des contrats. Ils permettent aux CGPI un allègement considérable des tâches administratives et de conformité, pour consacrer plus de temps au développement de leur clientèle.
S’il est certain que le processus de regroupement va se poursuivre, il faut noter que tous n’apportent pas la même valeur ajoutée, et que les plus jeunes ne peuvent pas toujours prétendre au même avenir que ceux déjà établis depuis plus longtemps. Des groupements apparaîtrons et disparaîtrons, il faut donc s’attendre à un paysage en évolution permanente.
[1] Les CGPI contraints aux regroupements, Vittoria De Bagnolo, L’Argus de l’Assurance, 20 novembre 2009