En ces temps de troubles en Europe, la flambée des prix de l’Energie reste un enjeu crucial dans de nombreux domaines et le secteur des administrateurs de biens et des agences immobilières ne déroge pas à la règle.
En effet, déjà impacté récemment par les questions énergétiques, les problématiques de résilience énergétique tendent à devenir un enjeu central dans les activités d’administrateur de biens. Comme énoncé dans un de nos précédents articles, la loi climat adoptée le 20 juillet 2021 ayant pour but de lutter contre les logements énergivores a sans nul doute déjà eu des effets sur l’activité immobilière et en particulier sur les activités transactionnelles.
Un intérêt renouvelé pour les métropoles
Après un regain d’attractivité des biens plus éloignés des métropoles lié à la crise du Covid-19 où les acquéreurs après de nombreuses restrictions sanitaires, étaient bien plus enclin à faire quelques kilomètres supplémentaires pour accéder à leur logement, la récente flambée des prix du carburant amène les foyers à être à nouveau plus regardant sur la distance entre leur logement et leur de travail ou la présence d’infrastructure de transports en commun proche des biens. En outre, une grande majorité des logements à l’extérieur des villes utilisent du gaz ou du fioul, énergies qui ont été grandement impactées par la flambée récente des prix.
L’impact non-négligeable du diagnostic énergétique sur le marché de l’immobilier
En 2022, on récence 2 millions de logements classés comme étant des « passoires énergétiques » soit des biens ayant un diagnostic de performance énergétique classés F ou G. Ces biens subissent depuis l’adoption de la loi climat un gel des loyers. Ce gel des loyers à un impact significatif sur le prix des biens, en effet, selon une étude des Notaires de France, ces logements nécessitants des travaux de rénovation énergétique, possèdent un prix de vente inférieur de 5 à 20 % moins cher que les biens classés D. Néanmoins, cet écart de prix particulièrement important dans les zones rurales, il est bien plus réduit dans les métropoles notamment en Ile-de France.
Ce phénomène s’explique car au vu de l’augmentation des prix de l’énergie couplée aux problématiques environnementales, les acquéreurs portent leur choix sur des biens peu énergivores.
Par ailleurs, ce phénomène risque encore de s’accentuer car dès 2023, les logements identifiés comme passoires thermiques seront progressivement interdits à la location, entrainant une perte de la valeur du bien sur le marché.
Il est également important de noter qu’en parallèle à cette interdiction de location pour les logements énergivores, le parc locatif risque de diminuer grandement. En effet pour les propriétaires de ce type de logement, il n’y a que peu de solution différente. Le propriétaire pourra soit rénover son bien, soit le sortir du parc locatif ou encore mettre son bien à la vente. De ce fait, on peut déjà imaginer l’impact non-négligeable de ce phénomène sur le marché déjà tendu de la location.
Possibilité d’une Hausse des Tarifs de l’Electricité en 2024 : Divergences entre la CRE et le Ministère de l’Economie
Des signes laissent présager une poursuite en 2024 de l’augmentation des prix de l’électricité connue en 2023. Selon les suggestions de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), le Tarif Réglementé de Vente (TRV) pourrait subir une hausse allant de 10 à 20% en février 2024. Bien que la CRE soutienne cette proposition, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, en collaboration avec Agnès Pannier-Runacher, a affirmé que toute augmentation du prix de l’électricité ne dépasserait pas 10%. Le ministre souligne ainsi la nécessité de maintenir des tarifs accessibles pour les consommateurs.
L’Etat envisage une Fin Anticipée du Bouclier Tarifaire à la mi-2024
Il est important de noter que les factures d’électricité ont déjà enregistré une hausse significative de 25% entre février et août 2023.
Actuellement, l’Etat prend en charge 37% de la facture d’électricité des Français, conformément au bouclier tarifaire de l’électricité prévu initialement jusqu’au 1er janvier 2025.
Cependant, une nouvelle orientation gouvernementale pourrait modifier cette situation. En effet, l’Etat envisage désormais de mettre fin au bouclier tarifaire plus tôt que prévu, soit 6 mois avant la date initiale, à la mi-2024. Cette protection serait progressivement réduite en raison de la baisse des prix, mais cette décision pourrait également inciter le Gouvernement à envisager une augmentation du montant des taxes sur l’électricité.
Les hausses du prix des énergies qui influent sur le marché des crédits immobiliers ?
Face à la hausse des prix de l’énergie, le gouvernement a instauré un bouclier énergétique visant à contenir cette inflation énergétique. Cependant, malgré cette mesure, l’inscription au fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers a augmenté de 26 % en un an. Ce phénomène s’explique en grande partie par la hausse des prix de l’énergie et toute l’inflation qui en découle. En réponse à cela, de nombreuses associations souhaitent que les banques s’investissent plus en profondeur dans la résolution des problématiques énergétiques. Ces associations souhaitent par exemple rendre obligatoire la rénovation des logements et de ce fait, que les banques proposent des conditions de financement acceptables pour les ménages.
Dans une autre perspective, cette inflation généralisée a poussé la BCE à remonter ses taux directeurs, les organismes bancaires ont donc suivi la tendance. De ce fait, le taux d’intérêt moyen a grimpé de 80%. Cet événement intervient dans un contexte ou la demande de logement est très forte ce qui va entrainer à terme une baisse de la demande de logement.
Une flambée des prix des matières premières en parallèle ?
En parallèle de l’explosion des prix de l’énergie, on a également pu remarquer que le prix des matières premières s’envole également. Cette situation est préoccupante pour le domaine du BTP mais l’est également dans d’autres mesures dans le domaine de l’immobilier. En effet, le coût excessif des matières premières aura un impact sur la construction de biens neufs mais également sur tous les travaux de rénovation énergétique.
Les entreprises du BTP devront, de fait, répercuter l’augmentation des prix sur les consommateurs, ce qui va donc limiter les projets de rénovation énergétique aux foyers les plus modestes, et cela, malgré les aides pour les travaux de rénovation énergétique, qui n’augmentent pas assez pour répondre à cette flambée des prix.
Quelles implications pour les administrateurs de biens ?
La récente annonce d’une possible augmentation des prix de l’électricité en 2024 soulève des préoccupations dans divers secteurs, notamment celui de l’administration de biens. Les professionnels des lots de syndic, de gestion, de transaction et de location pourraient être confrontés à des défis significatifs si cette hausse tarifaire se concrétise.
Voici quelques points à considérer :
Les charges de copropriété en augmentation
L’augmentation des prix de l’électricité aura un impact direct sur les charges de copropriété. Les immeubles gérés par les administrateurs de biens verront leurs coûts d’énergie augmenter, ce qui pourrait entraîner une pression financière accrue sur les copropriétaires.
Gestion locative et coûts opérationnels
Pour les administrateurs de biens gérant des biens locatifs, la hausse des tarifs électriques pourrait influer sur les coûts opérationnels. Les propriétaires et gestionnaires de biens pourraient être confrontés à des décisions difficiles, telles que la répartition des coûts entre locataires et propriétaires, ou même la nécessité d’ajuster les loyers pour compenser ces augmentations.
Transactions immobilières impactées
Les professionnels de la transaction immobilière devront également prendre en compte ces nouveaux paramètres. Les coûts énergétiques plus élevés pourraient influencer les négociations sur les prix et les conditions, tant du côté des vendeurs que des acheteurs.
Recherche de solutions éco-énergétiques
En résumé, la hausse des prix de l’électricité s’annonce comme un défi majeur pour le secteur de l’administration de biens. Les acteurs de l’immobilier devront s’adapter rapidement, en repensant leurs modèles économiques et en explorant des solutions innovantes pour maintenir la rentabilité tout en assurant une gestion efficace et durable des biens immobiliers.
Sources :
Passoires thermiques : le gel des loyers a commencé (lp-promotion.com)
Prêt immobilier. La hausse des taux d’intérêt va-t-elle se poursuivre ? (ouest-france.fr)